Musique en streaming : le plan de Spotify pour gagner des abonnés

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Lancé il y a 5 ans en France, le suédois Spotify revendique la place de leader mondial de la musique en ligne sans téléchargement («streaming») avec 24 millions d'utilisateurs dans le monde dont 6 millions d'abonnés payants.

Spotify


Basée à Stockholm, l'entreprise du fondateur Daniel Ek emploie désormais 15 personnes à Paris dans le XVIIe arrondissement  Tournée vers l'Europe du sud, cette équipe gèrent les stratégies commerciales de sept autres pays : Italie, Espagne, Turquie, Portugal, Grèce, et deux nouveaux Chypre et Malte.

Spotify a marqué l'actualité mercredi 11 décembre en annonçant une généralisation surprise de la gratuité sur tous les supports avec en ligne de mire le marché en pleine explosion de l'écoute mobile sur smartphones et sur tablettes. Que se cache-t-il dans ce revirement ? Comment fidéliser, convertir les habitués et éviter le recours au téléchargement illégal ? Entretien avec Yann Thébault, directeur général de Spotify pour la France et l'Europe du Sud.

> Selon vous, le public est-il assez mature pour accepter de payer de la musique ?

Yann Thébault : « Le streaming est relativement récent. Certains pays sont plus matures que d'autres comme la Scandinavie. Il y a encore un gros travail de pédagogie à faire pour expliquer les avantages du streaming. Le digital dépasse les ventes physiques donc le mouvement est enclenché. Je pense que ça prendra encore 5 à 10 ans. Nous avons environ 20% de notre base d'utilisateurs qui paient. Il y a une vraie croissance de ce modèle. Après, il y aura toujours des gens qui ne voudront pas payer. Comment les détourner du piratage ? En leur proposant une offre gratuite adaptée.»

> Comment les faire migrer vers le payant ?

Y.T :« Il y a un décalage entre l'offre et l'usage sur le mobile car les services étaient soit limités, soit illégaux. C'était logique d'offrir un accès gratuit à ces utilisateurs. On se rend compte aussi que les utilisateurs consomment deux fois plus de musique sur mobile que sur ordinateur. L'enjeu est là car plus ils consomment et plus ils sont prêts à s'engager. L'accès gratuit reste le meilleur moyen de convertir vers le payant. La tranche 18-34 ans est la cible car ils sont les plus gros consommateurs.»

> Mais c'est aussi une génération habituée au tout gratuit donc plus difficile à convertir...

Y.T : « Quand on parle de gratuit, il ne faut pas oublier que c'est financé par la publicité. Nous rétribuons les ayant-droits grâce à ces revenus. C'est surtout une question d'engagement car plus ils consomment et plus ils sont susceptibles de basculer vers le payant.»

> Avec le service en français de Spotify, vous défiez le français Deezer sur ses terres, comment se passe la cohabitation ?


Y.T : « Plus il y a de services, plus le streaming en profite. Cela contribue à éduquer le marché donc c'est positif. Nous sommes contents de notre croissance en France qui est très forte. Nous sommes focalisés sur notre objectif premier : éloigner les gens du piratage et du téléchargement illégal pour les remettre dans le droit chemin».

> Quelle est donc la plus grosse menace pour vous, Youtube par exemple ?


Y.T : « Cela reste malheureusement le téléchargement illégal. La meilleure réponse à ce fléau est de proposer un service gratuit, légal et simple à utiliser. C'est plus compliqué aujourd'hui de télécharger une chanson, de la transférer sur son lecteur avec des qualités de sons qui varient alors que vous pouvez écouter 20 millions de pistes n'importe où. Nous ne pensons pas que les gens ont envie d'être dans l'illégalité et qu'ils veulent une offre légale qui correspond à leurs attentes.»

> Les dernières offres proposent du gratuit avec de la publicité ou de la musique gratuite uniquement en mode aléatoire, cela peut refroidir les utilisateurs...

Y.T : « Nous proposons un volume de publicité, deux minutes par heure, qui est inférieur à la publicité sur les radios. Quant au mode aléatoire, nous sommes rendus compte que ceux qui utilisent le streaming musical en mobile lancent une playlist et mettent leur smartphone dans leur poche. L'aléatoire correspond aussi aux usages et ce n'est pas si contraignant.»


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