Comme un symbole de cette tendance lourde, dès son entrée en
fonctions, début février, le secrétaire d'Etat John Kerry s'était
illustré en publiant sur le compte Twitter du département d'Etat un
message personnel: "Très exaltant d'entrer aujourd'hui au @StateDept et
de se mettre à travailler avec cette équipe formidable. Je pense à
papa!", avait écrit le fils de diplomate.
Si sa prédécesseur
Hillary Clinton ne tweetait pas elle-même, elle avait en revanche
largement contribué à faire des réseaux sociaux un axe de développement
fort de la diplomatie américaine.
Et aujourd'hui, le département
d'Etat, les ambassades et les diplomates américains gèrent --le plus
souvent en anglais et dans la langue locale-- au total quelque 300
comptes Twitter suivis par 3 millions d'abonnés, plus de 400 pages
Facebook, 185 chaînes sur le site de vidéos YouTube, sans compter des
pages sur Flickr, Google+ ou Instagram.
"Nous voulons participer
aux conversations qui se déroulent partout dans le monde tous les
jours", résume Victoria Esser, chargée de la stratégie numérique au sein
du département des Affaires publiques du département d'Etat.
Les
diplomates travaillent aujourd'hui "à une époque qui n'est plus dictée
par une lettre allant d'un cardinal au roi; tout est instantané",
résumait lors d'un récent voyage à Rome John Kerry.
"Un défi"
Mais
cette instantanéité ne va pas sans poser de problème, comme
l'illustrent des controverses récemment nées de cette utilisation
massive des réseaux sociaux par la diplomatie américaine.
Une
polémique avait ainsi éclaté --entre autres sur Twitter-- entre
l'ambassadeur russe à Moscou Michael McFaul et le Kremlin en 2012,
autour de propos controversés du diplomate.
Lors des violentes
manifestations survenues dans le monde arabe en septembre 2012,
notamment autour de la diffusion d'un film islamophobe, un communiqué
diffusé par l'ambassade du Caire sur sa page Facebook et condamnant le
film à l'origine des manifestations avait suscité la polémique, en
pleine campagne présidentielle entre Barack Obama et son adversaire Mitt
Romney.
En Chine, ce sont des relevés sur la qualité de l'air
diffusés via Twitter par les diplomates américains qui avaient suscité
l'ire de Pékin, qui avait affirmé qu'il était illégal pour une ambassade
étrangère de réaliser et publier ses propres relevés.
"C'est un
bon moyen de communication (...). J'ai le sentiment que nous devons
explorer cette voie et l'emprunter partout où c'est possible", souligne
l'ambassadeur américain en Italie, David Thorne. "Mais c'est un défi
pour le département d'Etat de diffuser par ces canaux son message et
d'avoir des interactions avec les populations qui ne soient pas mal
interprétées", reconnaît-il.
Ambassadrice en Thaïlande, Kristie
Kenney a quelque 38.000 "followers" sur Twitter, et sa page Facebook
compte 124.000 "J'aime". Elle écrit elle-même tous ses tweets en se
fondant sur son "bon sens".
"Twitter et les autres réseaux sociaux
peuvent être un complément très intéressant à la diplomatie, mais cette
profession implique toujours une bonne dose de discrétion",
souligne-t-elle.
Sur Twitter, de nouveaux défis pour la diplomatie américaine
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